INTERVIEW : CHARLES DE LINIÈRE

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DU DERNIER DÉFILÉ OFF-WHITE, AU CLIP ‘LA RUA MADUREIRA’ DE BON ENTENDEUR EN PASSANT PAR LA LÉGION, CHARLES DE LINIÈRE EST DÉFINITIVEMENT UN PROFIL ATYPIQUE.

INITIAL : Initialement qui es-tu?

Charles : Alors, je m’appelle Charles, je suis né à Paris, je viens d’avoir 55 ans. À 17 ans j’ai commencé la marine nationale et après trois ans j’ai arrêté. Je suis rentré à Paris, où j’ai fait les cours Florent, pendant près d’un an et demi. Après cela, je suis allé à Toulouse, où j’ai fait une école de photographie. À l'issue de cette formation, j’ai décidé de m’engager à la légion en 1992. Ma spécialité était tireur de missiles antichar. Les trois dernières années, je suis devenu photographe officiel de la Légion étrangère.

INITIAL : Quand as-tu quitté les rangs de la Légion ?

Charles : En 2006. Je me suis engagé pour cinq ans et en ai fait onze. Je n'aurais pas cru y rester autant, je n’étais pas fait pour faire carrière. Comme j’étais photographe officiel, j’ai été récupéré à Paris à l’ECPAD (autrement connu sous le nom “cinéma des armées”).

INITIAL : Comment es-tu rentré dans le monde du mannequinat ?

Charles : J’y suis déjà rentré en 1987, où j’ai été inscrit dans une agence avec mon cousin. Ça a duré jusqu’en 1989. J’ai fait diverses choses. L’époque était plus rigolote, il y avait plus de moyens, plus de compétition parce qu’il y avait plein de couturiers qui cartonnaient comme Gaultier, Mugler, Comme des Garçons, Yohji Yamamoto, Kenzo, Cardin. Ça grouillait de créativité. Puis, je suis revenu en 2018 car pendant un défilé, Sophie Fontanel m’a pris en photo et l'a postée sur son Instagram. Ça a eu un effet boule de neige. Des agences m’ont contacté et c’est comme ça que ça a recommencé. Je suis signé aujourd’hui chez Silver et Métropolitain.

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INITIAL : Si tu t’en souviens, quel fût ton premier défilé ? Par la suite, pour qui as-tu défilé ? Et si tu devais choisir un seul défilé que tu as adoré faire, lequel serait-ce?

Charles : Mon premier défilé était Comme des Garçons, en 1987. Après j’ai fait Kenzo, Gaultier, Yohji Yamamoto, Matsuda et d’autres. Si je devais choisir un défilé parmi ceux que j’ai fait, ce serait celui de Paul Smith. C’est le seul qui a dit «Marchez comme vous avez envie, comme vous le sentez». Vu que la musique était d’enfer et que rien n’était imposé, le show était super cool. C’est le seul qui a donné une sorte de liberté au défilé.

INITIAL : Peux-tu nous partager ton plus beau souvenir dans la mode ?

Charles : Je crois que c’est celui avec Sophie Fontanel. Il y a un an et demi, je suis allé la voir pour la remercier car quand elle m’a posté sur son Instagram, j’ai été récupéré par une agence et depuis je fais des choses folles dans la mode. Je n’aurais jamais cru que je ferais des campagnes, des défilés et des voyages grâce à ça.

INITIAL : En tant que mannequin, que serait ton graal ?

Charles : Le seul truc qui pourrait me faire bizarre serait si un jour j’ai une énorme campagne de pub et que je me retrouve placardé de partout, que l'on voit ma gueule de partout. Même avec le clip (cf « La Rua Madureira » de Bon Entendeur & Nino Ferrer) qui a eu deux millions de vues, j’ai vachement pris de recul car c’est tellement de l’éphémère. On vit tellement dans un ère de l’image et de l’instantanéité.

 INITIAL : Il y a t-il des similarités entre la Légion et l’industrie de la mode ? Et en quoi cela diffère ?

Charles : La seule similarité que j’ai trouvé c’est le port du vêtement, très propre, très bien taillé. Avant les défilés, les tenues sont impeccables. Et c’est la même rigueur dans l’armée, tu ne peux même pas te permettre d’avoir une tâche. Là où c’est drôle c’est que dans l’armée, le vêtement a une importance cruciale. Sinon, défiler dans l’armée ou dans la mode, ça n’a rien à voir. Au contraire. Moi quand je défile pour une marque, je m’oublie complètement. Il faut avoir une espèce d’attitude.

INITIAL : On peut penser qu’il faut débuter sa carrière de modèle jeune. Est-ce difficile de se faire une place lorsqu’on arrive plus tard dans ce monde ?

Charles : Oui et non. Je trouve que quand tu es jeune, tu es innocent alors tout est beaucoup plus excitant et peut être un peu plus facile parce que tu es malléable. Moi je me dis que c’est une chance donc je me laisse porter, tout simplement. Par exemple, je ne me suis jamais teint les cheveux parce que le but du jeu est aussi d’accepter de vieillir. Si tu ne commences pas à accepter le temps qui passe, tout en se bagarrant pour avoir une bonne vieillesse, tu ne seras pas heureux. Il faut être combatif de la vie.

INITIAL : Tu apparais dans le clip de la chanson « La Rua Madureira » de Bon Entendeur & Nino Ferrer, réalisé par Alice Kong. Peux-tu nous raconter cette expérience ? `

Charles : C’était très simple, c’est pour ça que c’était dingue. Ça a été tourné dans un entrepôt à la sortie de Paris, pendant trois jours. C’est Alice Kong qui avait toutes les idées, les lumières, les postures, les collages des photos format puzzle, tout plein de petits détails imaginés par elle. C’est une femme de malade, avec beaucoup d’humour. Elle a un univers à elle, elle est super douée. C’était trois jours de vacances, c’était la récréation. Quand ça s'est terminé, le «retour à la réalité» n'a pas été facile.

INITIAL : Que fais-tu en dehors du mannequinat ?

Charles : Je fais un peu de photos. Je fais de l’intérim de temps en temps pour m’occuper. J’adorerais faire du cinéma. Si on me le propose, je le fais directement. Beaucoup de personnes me disent «Charles t’es con, vas-y, fais-le» mais dans ce domaine- là je me sens beaucoup plus senior, ce n’est pas pareil. En fait, il faudrait que j’ai un coup de bol, une rencontre.

Retrouvez Charles sur Instagram : @charlesdeliniere

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