Couvrez vos têtes

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La Nuée, de Just Phillipot

Avec Suliane Brahim, Sofian Khammes et Marie Narbonne.

Après plusieurs courts-métrages récompensés, Just Philippot réalise son premier long métrage: La Nuée. C’est l’histoire de Virginie, femme au passé flou, couverte de dettes, qui élève seule ses deux enfants. Elle est agricultrice d’insectes et par un concours de circonstances, elle découvre que le sang permet de quadrupler sa production. Corps et âme, elle donnera tout pour sauver son entreprise… 

Le film s’ouvre sur un plan zénithal d’une route vue du ciel. Une route à sens unique, sans demi-tour possible. On comprend que l’histoire n’aura qu’une seule finalité possible: la tragédie. 

L’orientation que prend le film dès le premier plan illustre parfaitement les propos de Jean Douchet (critique cinématographique) sur le suspense au cinéma. Il le définissait comme « La dilatation d’un présent pris entre deux possibilités contraires d’un futur imminent ». 

Les deux possibilités étant la crainte de l’irrémédiable ou l’espérance d’un salut, la vie ou la mort, le bien ou le mal. La route qu’emprunte Virginie est claire, il n’y en a qu’une, et autant vous dire que tout est mal qui finira mal. 

D’un point de vue scénaristique, Just Philippot et son équipe optent pour certaines techniques très rarement vues et explorées au sein du cinéma français. 

Tout le scénario est parfaitement rationnel et réaliste aux yeux du spectateur, à l’exception d’un détail (ici le fait que le sang puisse multiplier une production d’insecte). 

C’est un détail qui vient chambouler toute la narration et faire basculer le film dans un spectre fantastique horrifique, tout en restant parfaitement plausible. On retrouve notamment cette combinaison de réalisme et de film catastrophe dans les long-métrages du réalisateur grec Yórgos Lánthimos ( The Killing of the Sacred Dear, The Lobster…) qui utilise également ces twists scénaristiques pour mettre mal à l’aise son audience.

 

À la fin de la séance, le mot « horrifique » était sur toutes les bouches. Tout d’abord parce que le public ne s’attendait pas à une telle maitrise du suspense dans le cinéma français et a été agréablement surpris. 

C’est aussi parce que le public doit faire face à de la violence constamment réprimée. C’est une violence beaucoup plus lourde et puissante à recevoir pour le spectateur. 

En effet, plus Virginie tente de multiplier sa productivité au sein de son agriculture, plus le suspense et les crissements d’insectes s’immiscent lentement dans les têtes des spectateurs qui se cramponnent de plus en plus à leur sièges rouges.

 

La Nuée représente une excellente raison pour reprendre l’habitude de pousser les portes des petites salles afin de retrouver le grand frisson. Vous n’avez plus d’excuses. 

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