« Ils aiment leur reflet »

@yoon_ambush

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GÉNÉRATION NARCISSIQUE ? UN PROFOND AMOUR DE SOI ? UNE NOUVELLE PERCEPTION DE LA BEAUTÉ LIÉE AUX RESEAUX SOCIAUX ? 

Nés dans les années 2000, les jeunes de la génération Z sont dépeints comme dépendants aux réseaux sociaux et seraient de ce fait égoïstes, voir même égocentriques… Du moins c’est l’image qu’on leur attribue ; les nouveaux médias les ayant façonnés au fur et à mesure des années. Ces adultes en devenir, ne cessent d’être à la recherche de la photo parfaite ou du meilleur  selfie qui les mettra le plus en valeur. Ils montrent à longueur de temps ce qu’ils font, ce qu’ils portent, ce qu’ils mangent et ce qu’ils vivent. C’est l’image d’un faux-semblant, où tout est beau, du moins tout doit être beau, telle une vitrine idyllique. Vivent-ils les choses pour les faire valoir plutôt que les vivre intensément ?

Souvent affublée de narcissisme, on peut imaginer que cette génération a été poussée en cela par les écrans et les réseaux sociaux, en dehors de leur “moi” et de leur propre image mais ne l’est finalement pas autant que ce l’on nous pousse à le croire. Cela résulterait d’un endoctrinement de la part de ces derniers. Ce qui en découle n’est pas anodin. Aujourd’hui, les jeunes ne se sentent bien et beaux que lorsqu’ils ont un filtre. L’impact est de taille : un nombre significatif et croissant de jeunes ne s’acceptent plus sans filtre et ont souvent recours à la chirurgie esthétique pour ressembler à ce qu’ils reflètent dans les filtres. Des mouvement prônant le naturel ont émergé comme le #nofilterchallenge (#enlèvetonfiltre en version française) qui dénoncent l’effet néfaste de ces filtres sur l'acceptation personnelle. À la création des filtres, initialement sur Snapchat, puis suivis par les autres plateformes, on pouvait s’amuser à communiquer avec des ‘lenses’ typés comiques ou touchants. Par la suite, ils sont devenus bien plus élaborés, gommant les défauts physiques, lissant la peau, affinant la forme du visage, redessinant les lèvres, grandissant les yeux, telle une poupée.

Cet amour de soi de la génération Z fait écho à un mythe ancien, celui de Narcisse. En effet, cet éphèbe, poussé par la soif, surprit son portrait qui miroitait dans l’eau d’une source, il en tomba amoureux et se laissa mourir de langueur. Dans la bande dessinée 50 nuances de Grecs de Charles Pépin et Jul, qui met en scène les plus grands mythes de l'Antiquité grecque dans les situations les plus actuelles, on découvre les similitudes avec notre société car “le jeune et beau Narcisse n’est pas, comme on le dit souvent, mort de s’être trop aimé, mais d’avoir trop adoré son image. Le problème, en effet, n’est pas l’amour de soi - il vaut mieux s’aimer trop que pas assez -, mais la fascination pour une image qui, justement, n’est pas soi”. Penché vers son reflet, ébloui par son apparence, Narcisse est passé à côté de sa profondeur, de sa richesse : il est passé à côté de lui-même. Il est passé à côté des autres. Il faut sortir de la fascination pour apprendre à aimer”.  Narcisse n’était pas attiré par sa personne mais par son reflet. Les jeunes de la génération Z sont eux-mêmes soucieux du reflet qu’ils renvoient, de ce que l’on peut penser d’eux et non de leur personne intrinsèque. Il est plus facile d’aimer une image que l’on peut façonner que l’être, adulte en devenir, que l’on est à cet âge là. La question est simple : s’aiment-ils eux-mêmes ou aiment-ils leurs reflets ? 

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