INTERVIEW : Emma Bonneaud

Talentueuse et polyvalente, Emma Bonneaud ne cesse de surprendre aussi bien les fans de vintage que les fans de musique.

Interview : Eva Veres
Photo : Moz
Stylisme : Isabella Papadimitriou
Assisté par Lucia Graziella
Make up : Alisonn Fetouaki
Production : Tabatha Russo

Initialement, qui es-tu ?

Je suis Emma. Je viens du sud de la France , près d’Avignon. J’ai 27 ans. Je suis DJ et j’ai également un shop vintage qui s’appelle OLDĒ Paris.

À propos de OLDĒ, peux-tu nous en dire plus ?

OLDĒ est né il y a à peu près 3-4 ans. J’ai démarré le projet pendant mon CDI. C’était assez compliqué d’enchainer les deux jobs. J’ai donc décidé de tout quitter pour me concentrer uniquement sur mon projet. Ce n’était pas du tout ce que c’est maintenant, c’est-à-dire que je prenais des photos un peu “à l’arrache” et les postais ensuite sur Instagram. J’ai par la suite développé le site internet, la DA en général et aussi produit des shootings. J’ai également eu un corner pendant 1 an au Printemps Haussmann.

Qu’est-qui t’a donné l’envie de créer ce concept ?

Je chinais avec ma mère quand j’étais petite dans les brocantes et j’adorais ça. Il y en avait beaucoup dans le sud. Au début j’étais surtout intéressée par les objets, en particulier les appareils photos. J’en avais plein chez moi. J’adorais ces objets de seconde main, je pouvais vraiment tomber sur des pièces improbables ce qui m’a donné envie de me lancer dans ce marché. Le développement des collections aujourd’hui est beaucoup trop important et dans la seconde main, on peut vraiment trouver des pépites.

Est-ce que la transition de ton CDI à ton projet personnel a été difficile ?

En effet cela fait toujours peur. Je ne connaissais rien à l’entreprenariat, c’était comme se lancer dans la gueule du loup. J’ai vraiment appris sur le tas avec l’aide et les conseils de certaines personnes. Financièrement c’est très difficile. Il n’y a pas vraiment de stabilité mais tout s’est bien passé par la suite donc je suis contente !

Robe Le Fil, bottes Martinez, collier Fomulo.

Pour la sélection de tes pièces, comment procèdes-tu ? Est-ce réfléchi ou au coup de coeur ?

Mon approche est réfléchie. Pièce par pièce. Je ne vais pas chez les grossistes comme dans certains autres shops. Je suis assez inspirée par les pièces des années 80 aux années 2000, plutôt luxe et de créateurs.

Quelle est la pièce que tu rêverais d’avoir pour ton shop ou pour ta propre collection ?

La pièce la plus folle serait de Jean-Paul Gaultier car j’adore ce créateur. Il y en a aussi beaucoup d’autres, comme de chez Yves Saint Laurent dans les années 80s etc.

En plus d’avoir ton shop vintage, tu es également DJ, peux-tu nous parler de tes débuts dans le milieu ?

Dans le sud on a beaucoup de rave. Nous n’avons pas trop de clubs mais je suis sortie assez jeune le soir - j’avais à peu près 16 ans. J’ai tout de suite aimé ce monde. À l’époque j’avais un appareil photo et je prenais les gens en photo. Je continuais mes études en même temps. À peu près deux ans avant le Covid, j’avais un coloc qui avait des platines et je lui ai demandé de m’apprendre. J’ai commencé à bosser sur des vinyles et par la suite, il y a eu le Covid et j’ai pratiquement perdu tous mes clients. Je ne me destinais pas spécialement à devenir DJ mais je kiffais vraiment ça. Je me sentais moi-même. J’ai commencé à mixer dans les petits bars puis j’ai été repéré par un agent. Il m’a fait tourner un peu partout, dans les festivals etc. Je mixe aussi pour des marques et ça me permet de connecter ce milieu à la mode.

L’une des agences qui te représente est uniquement dédiée aux femmes. Ressens-tu une certaine sororité entre vous dans ce milieu ?

Carrément ! Je trouve ça cool comme concept de ne représenter que des femmes. C’est pas toujours facile pour nous. C’est important de se soutenir. On dit que les femmes sont mises de côté, ce qui est vrai dans certains cas mais on a aussi beaucoup de chance. On a tendance à être jugé par les hommes. Je suis pour l’égalité entre les DJs homme et femme.

Pour finir, j’ai beaucoup entendu dire qu’il fallait être belle et sexy pour être DJ, qu’en penses-tu ?

[Rires] C’est vrai que ça peut-être un atout parfois. Je ne suis pas d’accord avec ça. J’aimerais qu’on puisse arriver dans un cub et qu’on ne sache pas si c’est une femme qui mixe ou un homme. C’est important de voir ce que la personne dégage quand elle mixe. C’est un spectacle mais ça a aussi ses limites. En tout cas, le plus important à mes yeux est l’énergie que la personne va transmettre.

Top Julia Heuer, collier Roussey, jupe La Fétiche, jupe en cuir Oberkampf.

Retrouvez Emma sur Instagram : @emma.bonneaud
www.instagram.com/emma.bonneaud/

Et son shop vintage OLDĒ : www.oldeparis.com

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«AXYZ» par Fabien Ficher, 4 lettres, 3 oeuvres.

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