Hijabs et balaclavas

Malgré leur évidente similarité, les cagoules balaclavas et le hijab subissent un traitement bien distinct au sein de la société.

Calvin Klein FW 18-19 RDW

La soudaine popularité de ces cagoules trendy « balaclavas » - ou Ski Mask - a soulevé un lourd débat quant à l’hypocrisie et l’ironie de l’industrie de la Mode depuis l’hiver dernier. Au nom de la Couture et de la Mode, des personnalités telles que Cardi B, Kim K ou encore Kanye West sont adulées lorsqu’elles arborent des tenues qui, en plus de couvrir entièrement leur corps, cachent leur visage. Alors qualifiées de « visionnaires, expérimentales et futuristes », ces tenues sont pourtant identiques à celles des femmes musulmanes discriminées en Occident pour la pratique de leur croyance.


Cardi B, Kanye West

Le port du voile en Islam est l’aboutissement d’un cheminement spirituel permettant à la femme de se couvrir et de maintenir sa pudeur. C’est notamment depuis les attentats du 11 Sept. 2001 perpétrés par Al-Qaïda que les gouvernements occidentaux ont créé une peur à l’encontre des musulmans et de tout signe pouvant s’apparenter à de l’extrémisme, ce qui comprend le hijab. Depuis, et même avant, les femmes musulmanes voilées sont discriminées et isolées du reste de la société pour la simple pratique de leur religion.
Ce tissu visiblement dérangeant, voire oppressant pour certains, le devient beaucoup moins lorsqu’il est porté par Kim Kardashian lors du Met Gala. Son look « innovant » et « avant-garde » n’a pas manqué d’inspirer les maisons pour introduire la tendance hivernale qu’a été la balaclava. Alors nous pouvons nous demander pourquoi couvrir sa tête n’est acceptable que lorsqu’il s’agit de Couture et non lorsqu’il est question de conviction religieuse d’une minorité.

Kim Kardashian, Met Gala 2021


Il n’existe à ce jour que très peu de figures féminines portant un hijab dans l’Industrie de la Mode, si ce n’est la célèbre mannequin Halima Aden, traduisant l’islamophobie, le racisme et la volonté de garder ces personnes en marge. Pourtant, les codes islamiques ont largement été utilisés dans la Mode, ignorant et foulant aux pieds les traumatismes de millions de femmes musulmanes discriminées.

Halima Aden, Ugbad Abdi

En 2023, il n’est toujours pas permise à une femme en Occident de se vêtir librement en raison de sa confession religieuse. La limite est fine entre être perçu comme fashionable ou extrémiste. Un tissu reste un tissu et pourtant, quand l’un est trendy, l’autre est le symbole épineux d’ostentation religieuse et de revendication politique.

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«AXYZ» par Fabien Ficher, 4 lettres, 3 oeuvres.